Cours du jeudi 30 septembre: séquende défi écologique: suite de l'initiation au commentaire: texte de Victor Hugo.
Voir cours du jeudi 23 pour le début de l'analyse du poème de Hugo:
ce qui était à faire pour aujourd'hui:
2/ Un
être édénique selon le poète: la vision valorisée de l'autochtone
(vers 11 à 15 + un peu dans la 2ème strophe)
- Hugo le voit comme un "frère".
- Défini par son habitat : « bois », « antre » (grotte), « rivage » : lieux naturels.
Associé à la nature : « insensé des branches et des fleurs » : branches porteuses de fruits et de feuilles, donc de vie. « Insensé des branches… fleurs » : leur rapport à la nature est profond ; ce n’est pas juste un habitat.
- Associé à la lumière : « soleil », « mille couleurs » (référence à leurs tenues, plumes, perles, tatouage), symboliquement à la joie
- Associé aux origines du monde : « enfant », « soleil », « Adam » : la métaphore enfant du soleil en fait à la fois un être innocent et divin.
« homme lion » (33) : métaphore inspiré par les Africains peut-être vêtus de peaux de lion, ou en tout cas, vivant dans le même habitat : le lion roi des animaux : l’homme sauvage = roi de la nature sauvage, guerrier noble (aussi évoqué par « tomahawk » (34) : hache de guerre amérindienne.
un être intimement lié à la nature, innocent, beau, joyeux, majestueux et céleste : effectivement un Adam.
Nombreuses expressions ambivalentes : certains termes pourraient être connotés négativement: sauvage, sombre, naïf, insensé, inutile. Ces adjectifs disent comment les voient les "civilisateurs" européens parce que les autochtones ne valorisent pas la raison ( insensé) et ne pensent pas à exploiter la nature ( inutile), mais y vivent en harmonie.
Hugo cependant redonne une valeur étymologique à certains de ces mots négatifs: sauvage signifie "de la forêt" ( latin silvaticus), naif = à l'état d'origine , tel qu'à sa naissance, donc proche de la nature
3/ Un être inférieur selon les Européens
Différent des Européens par la peau et le comportement : « sombre », « insensé », « inutile », « brute », « nègre » : opposé au blanc utile et normal, civilisé : modèle bourgeois du 19ème siècle.
Vision du bon sauvage idéalisée chez Hugo ( voir article sur le mythe du bon sauvage) opposée à la vision raciste des colonisateurs européens.
Ce que vous avez essayé de faire seuls et que je remet au net ici:
II
LA CIVILISATION européenne critiquée comme prédatrice
1/ Le
monde colonisé par les Européens dans toute son étendue et les méfaits de la colonisation
- la « civilisation », qui est pour Hugo un "jargon" , ce qui annihile dès le début du texte les idées mélioratives habituellement associées au terme : culture, humanisme, progrès, paix…aboutit à un « monde épouvanté » (21).
- le
repérage géographique mondial par régions, et capitales : monde entier
mais monde colonisé par Anglais (Gange, Thibet, Sydney, Melbourne), Espagnols
(Lima, Cuba, Andes, Cordillères), Français (Nil), divers Européens (Orégon, San
Francisco) montre que la colonisation s'étend partout.
-Les Européens qui colonisent sont vus comme de « noires fourmilières » (4) : multitude abaissée à la vie des insectes ; l’adjectif de couleur est péjoratif. Associable à « obscur jargon » (1) : « obscur » reprend « noires » et « jargon » : langage incompréhensible : déshumanise aussi.
Attention à la valeur de l'adjectif différente quand il est antéposé et postposé: noires fourmilières n'est pas exactement semblable à fourmilières noires cf un pauvre enfant et un enfant pauvre.
L'antéposition de l'adjectif donne une valeur plus affective au mot, plus subjective, la postposition a une valeur plus factuelle: noire = de couleur sombre, pauvre=qui n'est pas riche
Les Occidentaux croient civiliser" un monde", le verbe modalisateur croire nuance la portée réelle de leur action.
- Au vers 8 avec la répétition de la notion de "fièvre", la colonisation est vue comme une maladie, une pandémie qui "trouble", perturbe le monde sauvage idyllique.
2/ L’Européen est un prédateur maléfique
-
« homme plus reptile », « homme ver » : dans
l’évolution des espaces, stade primitif ; et associable au serpent de la
Genèse, symbolisant le Mal (développé aussi par « dur »,
« cynique » (18) ; cette évocation discrète du mythe biblique
apparaît aussi dans « autre nudité » (18) : Adam était nu (tout
comme le bon sauvage) ,allusion peut-être aussi à la nudité des moeurs dépravées, à la prostitution qui accompagne les guerres, les conquêtes, l'expansion du commerce.
On peut y ajouter « vautré dans la matière » (17), qui évoque l’animal plongé dans la boue, image de malpropreté, de vice, et dénonciation du matérialisme européen développé dans les vers suivants
- le matérialisme : « cupidité » (17), « idolâtre du dieu dollar », « fou » (écho à « insensé ») qui palpite […] pour une pépite »
C’est l’appât du gain qui caractérise et avilit l’occidental. Hugo se livre ainsi à une critique du capitalisme qui fait de la recherche du profit la valeur principale pour les Européens.
Finir l'analyse pour mercredi prochain 6 octobre
3. Les prédations
A/ Tableau de l’impérialisme occidental: violences
B Au nom du Progrès
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