Etude de Alien le 8 ème passager

Interrogeons-nous sur la façon dont la peur est instaurée, sur les ressorts cinématographiques propres au genre.

“Dans Alien, Le 8e Passager de Ridley Scott (1979), la créature extraterrestre rôde mais reste la plupart du temps hors-champ. Elle reste cachée dans l’espace non visible pour mieux surprendre et contaminer l’espace visible par surprise. Tout repose sur l’effet d’attente, le stress, la paranoïa. La séquence où Brett part à la poursuite du chat dans le Nostromo est construite intégralement sur le mode de l’angoisse.
Bien souvent, le film d’horreur fonctionne par touches, l’intérêt étant d’aller crescendo dans l’angoisse avant de nous révéler le véritable visage de la peur.”


LA SUGGESTION SONORE ET VISUELLE
“Un film d’horreur réussi est un film d’horreur qui va parvenir à créer une ambiance anxiogène. Tout l’intérêt est de créer une tension progressive et pour cela des outils s’avèrent souvent indispensables. Si le hors champ est effectivement utilisé pour accroître la sensation de danger qui peut surgir du cadre à n’importe quel moment, il peut être incarné par un son particulier”.
« Ce n’est pas le sonore qui invente le hors-champ mais c’est lui qui le peuple, et qui remplit le non-vu visuel d’une présence spécifique » (Gilles Deleuze, Cinéma N°2 : L’Image-temps, 1985)

 Le film joue sur le registre de nos peurs les plus ancestrales, à partir de procédés filmiques subtils et variés.
Le premier niveau est la peur de l’inconnu. On est dans l’espace, le vaisseau dérive, on ne sait pas réellement ce qui va se passer. Ici, on est encore à l’état d’anxiété. Puis, on découvre un étrange vaisseau, gigantesque et nous arrivons devant un corps étranger ayant « fusionné » avec son siège.
Sa cage thoracique étant explosée de l’intérieur. Le fait d’utiliser des enfants sur les plans larges permet de montrer la taille phénoménale du vaisseau et ainsi réduire les humains à de simple « fourmis » dans un lieu inconnu.

 La découverte du monstre suscite une nouvelle peur mêlée de dégoût.
La mise en scène de la découverte des œufs et de l’attaque du face-hugger mêlant surprise et terreur,annonce la suite du film : Kane entre dans une salle remplie d’œufs, décide de regarder, glisse et se
retrouve nez à nez devant l’un de ces œufs. On commence alors à voir l’intérieur bouger. L’œuf s’ouvre lentement avec un bruit assez particulier. Et d’un coup, une chose saute au visage de Kane.
Le montage cut et rapide ne montrant pas ou très peu la créature fait monter la pression. On est à la fois écœuré par l’aspect du face-hugger, et effrayé par le fait d’ignorer ce qu’il va se passer. La tension monte également entre les membres de l’équipage, on partage leur angoisse.

 La course-poursuite dans le vaisseau avec les meurtres successifs des membres de l’équipage ne vafaire qu’augmenter notre peur.
Les plans sombres vont s’enchaîner, avec des cadrages assez larges pour voir une zone « ouverte »(un couloir, une porte) dans laquelle à chaque moment, on s’attend à voir surgir l’alien. Mais Ridley Scott suggère sa présence en se gardant de nous le montrer. C’est psychologique, moins nous voyons quelque chose, plus nous en avons peur. Le film aurait eu beaucoup moins d’impact si le xénomorphe apparaissait tout le temps (il apparaît au total 3 minutes et 50 secondes). On sait qu’il est là par le cri de personnages, les ombres portées, une amorce de son crâne ou de sa langue et c’est là, la véritable force du film. Lors de la séquence du premier meurtre, quand le son de la machine pour détecter les mouvements s’accélère, ce n’est que pour repérer le chat, qui surgit brusquement
du placard.

Les cadres se font ensuite de plus en plus en moyenne et longue focale. La longue focale à la particularité de « rétrécir » le plan alors bien plus resserré. Cela permet de faire ressortir une sensation de claustrophobie, déjà accentuée par le vaisseau et le lieu où se déroule le film, elle
permet réellement de nous enfermer plus avec les passagers et de se dire « il n’y a plus aucune issue ». Le dernier détail, mais non des moindres pour la peur. Enfin, la photographie aide beaucoup
à l’instauration d’une ambiance angoissante, la lumière bleue, les couleurs très froides rendent le tout vraiment oppressant.

 

 Un univers énigmatique :

Alien frappe par le caractère à la fois familier et étranger de son univers labyrinthique. Cette ambigüité émane de sa double appartenance à la science-fiction et au film d’horreur, mais aussi de la présentation des personnages qui ne laisse clairement apparaître aucune figure héroïque précise.
La figure de l’Alien concourt à la singularité du film par sa forme évolutive (d’abord face-hugger "enlaceur de visage" puis chestburster, "exploseur de thorax" et enfin xénomorphe) et son aspect à la fois mécanique et biologique. A cet égard, le film renouvelle les figures classiques du cinéma d’horreur en brouillant les repères du spectateur pour susciter un sentiment d’inquiétante étrangeté.

Retrouver la video vue en classe:

Souffle et obscurité : https://edpuzzle.com/media/5bd616b7c9c26040d80f4177


Une partie de cache cache :

De toutes les apparitions de l'alien, c'est peut-être la seule à laquelle le spectateur s'attend véritablement. Et pour cause : nous sommes au
milieu du film et, suite au chestburster, puis à la disparition du technicien Brett, l'équipage décide d'aller chercher la créature inconnue là où elle se
terre, dans les conduits d'aération du Nostromo.
Un réseau de coursives qui compose en fait une sorte de labyrinthe métallique complexe, à l'intérieur duquel Dallas, le commandant de bord, va se risquer seul, tel Thésée en quête du Minotaure.

Regarder l'analyse de la scène d'exploration de dallas et de son attaque par Alien: 

 

https://edpuzzle.com/media/5b82f41bf6bb553f524f0152( Les commentaires s'affichent par étapes.)

« Xénomorphe » (étymologie : « forme étrangère ») est utilisé pour désigner le monstre d'Alien dans les films qui suivront. Une large part de la terreur est bien
sûr liée à cette créature elle-même, dont l'équipage découvre à la fois l'extraordinaire agressivité et les caractéristiques biologiques. De même le spectateur suit-il cette découverte avec un sentiment d'horreur né de la monstruosité et de la violence, mêlé à la sidération éprouvée devant cet « animal » dont les cycles de reproduction et les modes de vie nous sont irréductiblement « étrangers ». « Forme étrangère »,donc, à condition d'ajouter qu'il y a plusieurs formes,y compris dans la mise en scène

Regardez: L'étrange créature du Nostromo

 

Naissance d’un monstre :

Alien se caractérise par le "replay", la répétition contenue dans le nom même de son héroïne. Ainsi, dans le film et la saga, l’alien ne cesse de revenir, sous différentes formes ; ainsi, les personnages, après la mort de Kane ne vont cesser de revivre le même processus (se réunir, pour ensuite aller patrouiller dans les conduits, avant que l’un ne meure, et que de nouveau ils se réunissent etc) ; ainsi, de film en film, Ellen Ripley ne cessera d’être de retour pour combattre l’alien.... Ce principe de recommencement contient également déjà cette grande thématique de la saga Alien : celle de la naissance et de la renaissance (voire de la résurrection, ainsi que se
nomme le dernier opus mettant en scène : Alien, la résurrection.)

scène de l'accouchement du monstre

Article de Sciences et vie sur la gestation du monstre 

 Issu de l’imagination morbide de l’artiste suisse HR Giger, l’Alien est une créature qui conjugue un mode de reproduction parasitaire et un comportement prédateur très sexualisé. Le film porte ainsi une représentation cauchemardesque de la sexualité qui s’exprime dans des séquences explicites. Cette dimension donne aussi lieu à de
nombreux motifs métaphoriques qui contribuent au sentiment d’effroi et de dégoût qui a alimenté la fascination des spectateurs pour le film

Diaporama des images qui font allusion à la sexualité 

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