Le Personnage de Ripley ( Etude du film Alien)
RIPLEY, UNE HÉROÏNE
Ellen Ripley est la première grande héroïne du cinéma d’action contemporain. Elle gagne par étape sa place dans le film : tenant tête à Dallas (scène où elle remet en question la décision de ramener l’alien), le complétant (lors du second réveil de Kane, elle mène
l'interrogatoire avec lui) puis le dépassant (elle réussit à obtenir de Mother les informations sur la mission).
Sa détermination et sa clairvoyance lui permettent ainsi de mettre au jour le complot de la compagnie mené par Ash.
Le combat final consacre son courage physique mais aussi la victoire symbolique de Ripley sur les peurs enfouies incarnées par l’Alien : la sexualité comme aliénation. A cet égard le film s’inscrit pleinement dans la tradition du film d’horreur qui confère toujours une dimension symbolique à la figure du monstre.
Commentaire de la séquence finale
Séquence finale commentée en direct
Si l’alien incarne un de nos monstres mythiques modernes, Ripley ne représente pas moins l’héroïne qui peut renvoyer aux héros de la mythologie antique tout en s’en dissociant par nombre de caractéristiques qui en font sa modernité.
Ainsi, on retrouve les qualités héroïques : la clairvoyance, la sagesse, la stratégie face à l’alien (on pense d’ailleurs à Persée face à la Gorgone dans la scène finale du film), le courage, la force.
Seule survivante de l’équipage, elle symbolise l’espoir de l’humanité.
La modernité de ce personnage tient à son sexe (une des premières héroïnes féminines) mais aussi à la conscience de sa faiblesse, notamment dans la position hiérarchique face aux autres membres de l’équipage. Pourtant, c’est elle qui parvient à tenir tête au monstre.
Mouvements féministes et Alien
Plusieurs éléments du film Alien se rapportent au développement du féminisme américain des années 1960 et 1970. À l’origine, tous les personnages étaient unisexes (égalité comme à la création de l’homme). Ripley débute son apparition dans le film en étant de second plan dans sa visibilité «sociale» (métaphore de la femme au foyer), puis elle tente de s’imposer socialement (The Feminine Mystique), mais ne se fait pas entendre et est sous-représentée. Elle est dominée par les hommes, mais elle s’affirme et tient tête, même si ses efforts sont vains ou contrefaits par ceux -masculin pluriel volontaire- qui possèdent une forme d’autorité, hiérarchique ou scientifique (voir la National Organization for Women présidée par Betty Friedman). À la mort de ses deux supérieurs, elle prendra le contrôle et changera l’image de la féminité traditionnelle parmi l’équipage (Women Liberation Movement). Ripley démontre son côté maternel auprès du chat, démonstration féminine qui ne lui nuira pas. À l’inverse, Lambert demeure problématique et signe sa perte en acceptant son rôle comme inférieur. Ripley veut prouver son égalité (féminisme égalitaire) en questionnant. Elle passe à l’action pour sa survie (la philosophie de l’action). La compagnie ayant financé la mission spatiale est déterminée à conserver en vie la forme extra-terrestre qui décime son équipage, cette multinationale devient également l’ennemi, autre que la créature au sang d’acide, permettant des parallèles avec le radicalisme féministe.
En s’imposant de la sorte, de manière
masculine, Ellen Ripley demeure une héroïne. Les caractéristiques qui
lui ont été attribuées ne sont là que pour faciliter son acceptation,
pour transformer l’image de la femme dans la science-fiction à cette
époque. La dénudation sert de révélation, elle est une femme tout en
étant héroïque. En alliant désir et héroïsme, le réalisateur rappelle sa
supériorité physique à deux niveaux. L’adjonction de la dénudation et
de la victoire amène un lien direct entre le corps féminin et la
victoire. Plus optimiste que la célèbre scène finale de Thelma & Louise (1991), également réalisée par Ridley Scott. ( Extrait de le Corps féminin dans Alien: http://www.cinemaniak.net/le-corps-feminin-dans-alien/)
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