2ème copie de dissertation en cours d'acquisition

 

En quoi peut-on dire que les Bonnes de Jean Genet renouvelle la figure traditionnelle du valet ?

 

Jean Genet est connu pour avoir écrit des pièces qui dénoncent différentes formes de violences ainsi que la société et ses rapports dominants. Il a écrit Les Bonnes, une pièce de théâtre inspirée du fait divers des sœurs Papin. Cette pièce dénonce le rapport dominant-dominé à travers l’histoire de Claire et Solange, deux bonnes qui jouaient une sorte de cérémonie lorsque leur maitresse n’était pas là. Qu’est ce qui montre que les Bonnes de Genet renouvelle la figure traditionnelle du valet ? Dans un premier temps nous montrerons que les personnages des Bonnes s’affranchissent des fonctions traditionnelles des valets de comédie, puis dans un second temps qu’elles sont des portes paroles d’une revendication sociale et pour finir nous prouverons qu’elles sont en fait le reflet de nous-mêmes.

 

Les personnages des Bonnes s’affranchissent des fonctions traditionnelles des valets de comédie. La dimension comique des valets n’est pas présente, ce n’est pas une comédie mais une tragédie.Bien qu’il y ait de l’ironie dans leurs dialogues, elles ne visent pas à créer des gags.Contrairement aux valets traditionnels, ce ne sont pas des personnages gais et drôles mais plutôt mesquins voir violents car elles veulent se venger et tuer Madame (en mettant des cachets de gardénal dans son tilleul).

Les bonnes veulent complètement changer la société, ce qui n’est pas le cas dans les anciennes comédies telles que Les Fourberies de Scapin où à la fin le fourbe se réconcilie avec ses maîtres ou comme dans L’ïle des Esclaves où l’ordre social se rétablit grâce au pardon qu’Arlequin accorde à son maître. Solange, elle, érige son geste de meurtrière en geste de reconnaissance et de liberté (« nous allons parler au monde. Qu'il se mette aux fenêtres pour nous voir, il faut qu'il nous écoute. » dit Solange).

Elles n’aident pas Madame dans ses relations amoureuses, comme le faisait les valets traditionnels, car elles ne sont pas intimes avec elle. Madame proteste même face à leur présence qui la dérange et la déçoit :« Votre gentillesse m’agace. Elle m’accable. Elle m’étouffe. Votre gentillesse qui depuis des années n'a jamais vraiment pu devenir affectueuse. » Madame n’a pas d’affection pour elles, comme le prouve ces paroles, même quand elle fait apparemment preuve de générosité à leur égard au moment de l’emprisonnement de Monsieur, c’est en fait dans son propre intérêt qu’elle agit ainsi. (Je te montre comment étoffer ton propos.)

 

Mais comme les valets traditionnels le sont parfois, notamment dans les pièces du XVIIIème siècle et surtout le Mariage de Figaro, les bonnes sont d’une certaine façon des portes paroles d’une revendication sociale. Tout au long de la pièce, elles dénoncent les rapports de domination entre les bourgeois et les domestiques.Elles se révoltent contre leur condition de bonne, comme par exemple lorsque Claire se décide d’arrêter d’obéir à tous les ordres de Madame « épluche les oignons ! Gratte les carottes ! Lave les carreaux ! Fini. C’est fini. Je disposerai du monde ».

Lorsqu’elles jouent leurs jeux de rôle, les bonnes mettent en avant toutes les humiliations qu’elles subissent à longueur de journée. C’est par exemple le cas lorsque Claire imitait Madame qui les hait, malgré tout ce qu’elles font pour elle :« Je

hais les domestiques. Je hais l'espèce odieuse et vile. Les domestiques n'appartiennent pas à l'humanité. » Claire semble reprendre des paroles qu’elle a entendu dans la bouche de Madame.

Ce jeu de rôle permet aussi à celle qui joue la bonne de renverser les rôles. Les bonnes nous montrent aussi comment les différences sociales peuvent être accentuées par la différence de tenue. En effet, Madame met de belles robes alors que les bonnes ne sont vêtues que d’une simple tenue pas très jolie,de petites robes noires, ce qui fait qu’elles se sentent inférieures car elles n’ont pas le droit de se sentir belles  comme le prouve la phrase : « nous pouvons à peine regarder les robes, nous n’avons pas le droit » Claire dit aussi que même la bonté de Madame les humilie « ainsi Madame nous tue avec sa douceur! Avec sa bonté elle nous empoisonne ».

Mais à travers ces revendications sociales, dont Genet disait d’ailleurs qu’elles n’étaient pas le plus important dans sa pièce, on remarque que les bonnes sont en fait et surtout des reflets de nous-même.Leurs problèmes sont des problèmes humains généraux.

Parmi les problèmes rencontrés tout au long de la pièce, il y a d’abord le souci de la rivalité entre frère et sœur qui est abordé. Il y a constamment un rapport de force entre Solange et Claire qui s’exprime dans les phrases suivantes : « Claire je te hais » « tais, toi, tu m’étouffes » « c’est moi que tu vises à travers Madame », ce sont autant de phrases qui  prouvent que la haine ressentie entre elles est aussi vivace que celle qu’elle éprouvent pout Madame. 

 

Elles ressentent aussi de la jalousie vis-à-vis de Mario, le laitier qui a une liaison avec Solange : « et là, la fameuse lucarne, par où le laitier demi-nu saute jusqu’à votre lit ! » reproche Claire.

Cette pièce nous montre aussi les troubles psychologiques que l’on peut déclarer lorsqu’on est opprimé, en nous montrant comment Solange a fini par sombrer dans la folie (lors de son monologue l.1158 à 1225) et le désir de meurtre car ce dernier donnerait à la bonne une identité héroïque, une existence enfin reconnue. Solange s’imagine qu’enfin on l’appellera Mademoiselle Lemercier et non plus par son prénom. : «Maintenant nous sommes mademoiselle Solange Lemercier. La Lemercier. La fameuse criminelle »

.Le problème de domination par le patron sur le lieu de travail reflète encore une réalité qu’on doit subir dans notre société et qui peut provoquer un mal être psychique chez certaines personnes allant jusqu’à la tentative de suicide,donc une violence retournée contre soi, ou une révolte qui peut se charger de violence à l’égard de la société et de l’oppresseur lorsque les bonnes veulent se venger en tuant Madame : « nous l’enterrerons sous les fleurs de nos parterres que nous arroserons le soir avec un petit arrosoir » se projettent-elles ironiquement , sadiquement dans le futur..

 

Pour conclure, les Bonnes de Jean Genet renouvelle la figure traditionnelle du valet en s’affranchissant de ses fonctions traditionnelles mais tout en restant porte-parole de revendications sociales.  Comme les valets traditionnels, elles sont en fait un reflet de notre société et de nous-mêmes auquel on peut s’identifier. Le dénouement de la pièce nous montre une forme de victoire pour Solange qui a réussi à devenir un

personnage dominant, alors qu’elle était dominée au début de la pièce, même si elle finit seule au bagne, ayant assassinée sa sœur et non Madame. Elle aura eu son moment de gloire au moins dans sa folie. Cela nous montre que les relations entre les personnages ne sont pas fixées et peuvent changer.

C’est pas mal du tout pour une première dissertation. Tu as compris ce qu’il fallait faire. 17/20