Alien, la modernité du film


A- La représentation d’un monde sans morale ni conscience

Selon Walter Hill, le sujet d'Alien ne serait pas le monstre, mais les sociétés, les entreprises humaines qui ont permis sa naissance. De fait, le long métrage distille savamment cette idée de manipulation à distance de l'équipe du Nostromo. La visite de la planète LV4-26 semble être
presque prévue d'avance, et les ordres que suit Ash sont sans équivoque ceux d'un complexe militaro-industriel intéressé par le potentiel destructeur de la découverte effectuée par l'équipage.
L'alien prend plus de valeur que la vie de tous les hommes et toutes les femmes présents sur le Nostromo. Une critique à peine dissimulée de la mainmise des multinationales sur l'économie américaine, sur leur inhumanité.

Tourné dans les années 70, période où les Américains perdus entre Watergate et le Vietnam se sentent trahis par un gouvernement qui leur ment, Alien traduit comme beaucoup de films d’époque cette perte de foi dans les institutions.

La demande de rapatriement de l’alien est l’ordre de la Wayland company au mépris de la vie de ses employés, pour l’appât du gain (on évoque clairement l’application militaire juteuse que l’étude du xénomorphe permettrait)

Le message final n’est pas tant que l’alien est le méchant, c’est l’homme qui dans sa volonté de conquérir, dans sa convoitise, a atterri sur une planète ou des aliens vivaient sans rien demander à personne, et c’est l’homme (la Wayland company) qui demande à un cyborg de ramener un alien sur terre.
B- Les hommes face aux machines

Il serait difficile de parler d’Alien sans aborder son sujet central : la maternité.

Le vaisseau est appelé clairement mère. C’est une entité apparemment rassurante face au froid de l’espace comme en témoigne l’alternance de plans entre les dehors venteux et froids de la planète des aliens et les intérieurs cosys et silencieux du vaisseau lors de l’exploration de la planète. Pièce centrale lumineuse, et elle est toujours là pour répondre aux questions. Image donc, d’une mère, le vaisseau, qui est là pour protéger la famille que constitue l’équipage.

En opposition on nous présente un autre système de maternité. Celui des aliens. Une espèce qui pose ses œufs dans un espace étranger (le vaisseau échoué) et protège ses œufs par une couche laser en dessous de laquelle la chaleur règne. Par ailleurs, le système par lequel l’alien prend vie rappelle
aussi le thème de la maternité puisque après gestation dans le corps de son hôte, le monstre prend réellement vie à travers ce qui ne peut être décrit que comme un accouchement forcé. Cet accouchement est contre nature et donc annonciateur de désastre puisque c’est un homme et non une femme qui lui donne la vie.

En inscrivant ainsi les deux parties adverses dans une telle logique « mère protectrice / enfants à choyer / naissance forcée » dans un milieu hostile le film pose très rapidement son principal enjeu :le combat d’une race pour sa survie.
Finalement les machines préfèrent le monstre à l’humanité, et s’organisent pour sacrifier la seconde au premier.

Le « fils de Kane » est selon Ash, un organisme parfait. N’étant pas humain mais un robot, et donc n’ayant pas à lutter pour sa race, Ash a le recul nécessaire pour voir la perfection biologique de l’alien.

 Trahis par « mère » qui est en fait programmée pour faire passer le retour de l’alien sur terre avant la survie de l’équipage, tous les hommes mourront, sauf une, qui finira par couper le cordon en faisant s’autodétruire « mère »

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